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23e Réseau des Mobility Managers : Et si l’on repensait les voyages d’affaires ?

Pour cette nouvelle réunion de son Réseau des Mobility Managers, la Cellule Mobilité est sortie des sentiers battus. Pour la première fois, en effet, il a été question des déplacements des travailleurs à l’étranger. Parce que ceux-ci ont de nombreux impacts. Les émissions de CO2 par exemple peuvent peser dans le bilan carbone d’une entreprise. Or, les objectifs de l’Europe, mais aussi de la Belgique et de la Wallonie sont de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Peut-on (doit-on) dès lors repenser les voyages d’affaires et y a-t-il des alternatives accessibles et réalistes pour les entreprises ?

Un momentum et une coalition

Ces questions, nous les avons posées à Marie Spaey qui, chez Canopea, travaille sur les pratiques plus durables en matière de tourisme et de loisirs et suit les politiques de taxation du secteur aérien et de développement des structures aéroportuaires.

Quelques constats : les émissions globales du secteur aérien en Europe ont été multipliées par 2 entre 1990 et 2020. Et les projections pour 2050 vont dans le même sens, et ce, même en tenant compte d’une meilleure gestion des opérations aériennes et des apports positifs des améliorations technologiques apportées aux avions et aux carburants. En outre, il faut savoir que globalement, les vols d’affaires sont aussi plus émetteurs que les autres (jets privés, espace par personne plus important en classe business, etc.).

Pour réduire les impacts climatiques liés à l’aviation, de nombreuses pistes sont envisagées : des carburants durables, une meilleure gestion des flottes, une taxation plus intelligente des billets et surtout une diminution de la demande. La seule option qui peut être implémentée à court terme est de prendre moins l’avion, les autres critères n’étant pas encore mobilisables. C’est ce qui s’est passé au moment de l’épidémie mondiale de Covid. Depuis, les voyages en avion ont repris, mais de manière plus lente dans le secteur du voyage d’affaires que pour les loisirs. Il y a donc sans doute un momentum à saisir…

En Belgique, afin d’accélérer la transition vers des voyages d’affaires plus durables, divers partenaires (Bond Better Leefmilieu, Canopea, The Shift, Climateworks Foundation et Climate Neutral Group) se sont regroupés, avec le soutien du ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, pour créer une « Coalition pour le voyage d’affaires durable ». L’idée est d’en faire un espace de réflexion pour outiller les entreprises dont le personnel voyage (avec notamment une plateforme comprenant toute l’information pour organiser des réunions d’affaires durables), des workshops et événements de mise en réseau, des partages de bonnes pratiques, mais aussi et surtout, sur la base des expériences et de l’information obtenues, la possibilité de faire des recommandations politiques. À ce jour, une quinzaine d’acteurs l’ont rejoint (Nestlé, UCB Pharma, La Monnaie, Accenture, l’ULiège, la VUB, la KU Leuven, les universités de Gand et d’Anvers, l’ICHEC, le Collège de l’Europe, le Port d’Anvers…), et toutes les candidatures sont les bienvenues !

"Il n’y a pas d’obligation de résultat demandé aux entreprises qui décident de rejoindre la coalition, mais plutôt d’essayer de mettre des choses en place et surtout de faire un reporting de leur situation", Marie SPAEY.

Des voyages d’affaires durables, quels bénéfices une entreprise peut-elle en retirer ?

  • Réduction de ses émissions de CO2 et atteinte de ses objectifs environnementaux
  • Image d’entreprise éco-responsable, de leader en matière de climat
  • Une politique de voyage bien pensée permet d’augmenter l’efficacité de l’entreprise et de mieux prendre en considération l’équilibre vie professionnelle/vie privée des employés
  • Une position qui peut attirer dans le contexte de la guerre des talents
  • Des avantages financiers.

 

Téléchargez la présentation de Marie Spaey de Canopea sur la Coalition pour les voyages d'affaires durables

Téléchargez le guide de bonnes pratiques : How to Get Started With Sustainable Business Travel

Téléchargez la Déclaration d'engagement des entreprises qui rejoignent la Coalition pour les voyages d'affaires durables

Des témoignages

Catherine VANDELEENE

Université de Liège

L’université liégeoise a décidé d’agir pour des voyages d’affaires plus durables parce que son fonctionnement implique de nombreux déplacements internationaux qui inévitablement contribuent aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et elle n’est pas la seule à le faire. D’autres universités se sont engagées sur cette même voie ; poussées notamment dans le dos par des communautés universitaires qui veulent que les préoccupations environnementales soient rencontrées.

Un groupe de travail a donc été constitué en 2020 pour analyser ce qui se faisait dans d’autres universités et pour étudier les pratiques de mobilité internationale de son personnel (le diagnostic a révélé que les trajets internationaux en avion contribuaient à raison de 6,1% au bilan carbone de l’Uliège). Sur cette base, des propositions ont été soumises, discutées, puis approuvées au sein des différentes instances institutionnelles de l’université. La stratégie de l’ULiège se structure désormais en 4 axes : monitorer les pratiques ; sensibiliser à la réduction de l’impact et aux alternatives proposées ; limiter les trajets en avion pour les destinations de courte et moyenne distances et interdire les réservations dans certaines classes en avion ; compenser.

C’est une agence de voyages, sélectionnée sur la base d’un cahier des charges rédigé à partir de cette nouvelle stratégie, qui est désormais chargée de la mettre en œuvre.

Téléchargez la présentation de Catherine Vandeleene sur les voyages d'affaires durables à l'ULiège

Stéphanie ROUSSEL

UCB

UCB Pharma dispose de campus dans 36 pays différents et quelque 8 700 personnes y travaillent. Les voyages d’affaires sont donc importants surtout dans les départements de R&D. Or l’ambition de l’entreprise est d’être neutre en CO2 à l’échéance 2030. Un monitoring de ces émissions est d’ailleurs en place depuis 2015. Il révèle que les voyages d’affaires représentent 17% des émissions de l’entreprise. D’où l’engagement d’UCB d’ici 2030 de réduire ces dernières de 50% par rapport à 2019.

Pour atteindre cet objectif, la recommandation est donc de ne voyager que si c’est nécessaire. A-t-on vraiment besoin d’y aller ? A-t-on besoin d’y aller à plusieurs ? Et surtout, choisir un mode de transport plus vert si une alternative à l’avion existe. La communication va plus loin et met en avant des gestes et pratiques plus responsables aussi lors du séjour à l’étranger (dans l’hôtel, pour les déplacements sur place, etc.).

En la matière, il y a de nombreux freins psychologiques à lever et chez UCB, le volet communication est à ce titre particulièrement mis en avant.

Téléchargez la présentation de Stéphanie Roussel sur les voyages d'affaires durables chez UCB

Chez IBA : la tonne de CO2 a été évaluée à 40 €. Les émissions de CO2 des trajets en avion sont donc converties sur la base de ce tarif et imputées sur le prix du service ou du produit qui génère ce déplacement. Une manière de mesurer l’impact du déplacement sur la performance des Business Units et de conscientiser les équipes. Ce montant passera d’ailleurs bientôt à 80 €.

À l’ULiège : les départements sont invités à compenser le trajet en avion de leurs chercheurs. Le montant recommandé (mais non encore obligatoire) est de 100 € la tonne de CO2. Les sommes sont versées à un fonds interne qui sert à financer des appels à projets durables, une ONG d’agroforesterie de l’université ou bien, ils alimentent une caisse interne permettant à l’Université de contribuer (jusqu’à 100 €) à l’achat d’un billet de train pour le déplacement professionnel d’un membre du personnel, lorsque ce dernier est plus cher que le billet d’avion pour la même destination.

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